Don Paypal
Informations
©2024 Cineguns
Vers le haut
Barbarella
Dans la catégorie Cinéma, publié par Guns le 10 décembre 2018, dernière modification le 10 décembre 2018
· · ·

Barbarella

 

note3.png

 

Barbarella est un ovni dans le monde du cinéma, comme les années 1960 et 1970 savaient encore en produire. Bien loin de tous les chefs d'oeuvre actuels qui sont complètement lissés, calibrés et béta-testés, ces films étaient des projets fous de personnes qui cherchaient à faire de l'art et non pas à produire des films. Réalisé par Roger Vadim, mettant en scène sa femme Jane FondaBarbarella se veut une "ero-fiction" futuriste, remplie d'humour, de fraîcheur (pour ne pas dire de candeur), de simplicité et d'humanité, le tout dans un kitsch complet et délibérément absolu.

 

 Trailer original spoilant à peu près tout le film

Histoire

 

Barbarella est un agent de la terre en mission dans le cosmos pour assurer la paix de la galaxie, et qui s'apprête à prendre des vacances bien méritée sur Vénus. Mais voilà, le professeur Durand Durand semble avoir développer une arme, ce qui dans l'époque concernée par le film est inconcevable (nous sommes en l'an 40000). Barbarella est envoyée en mission sur Sogo pour résoudre tout ça.

 

Barbarella dans son vaisseau-moquette

Avis éclairé

 

On notera en lisant l'histoire qu'elle est simple, et peut s'étendre à l'infini. D'ailleurs, si cela sortait actuellement, ça ferait surement une série en 6 saisons de 12 épisodes, pour nous raconter les déboires de la malheureuse Barbarella en contrée sauvage. On notera qu'initialement, c'est d'ailleurs une BD en 4 volumes.

Quoi qu'il en soit, n'importe quel lecteur avisé qui fait une recherche sur n'importe quel site verra que le film est atrocement mal noté. Pourquoi ? Simplement parce que ce film est envisagé, la plupart du temps, dans un contexte qui ne lui convient pas. De plus toute la morale actuelle, un poil rétrograde il faut le concéder, le place sur l'échafaud de la bienséance (ho mon dieu, Barbarella ne serait qu'une Barbie, objet sexuel aux mains d'hommes scabreux, ce qui est un raccourci aussi idiot que totalement ignorant du film, à se demander si ceux qui disent ça l'ont vu).

Il faut situer le film en plein 1968, où on cherche à s'extirper de carcans sociétaux bien pourris (dans lesquels d'ailleurs nous sommes en train de replonger, mais c'est un autre débat). La mise en scène de Vadim cherche à titiller le spectateur, avec un érotisme qui reste de bon aloi et d'uniquement suggestif (le film est largement visible par un enfant de 10 ans), le tout saupoudré d'un humour parfois bravache et parfois décalé. On nous dit "viens délirer avec nous, viens fumer de la marie-jeanne et bouffer du lsd, viens chercher ta liberté".

 

Jane Fonda sur le tournage

Jane Fonda à la plage, donc pas sur le tournage

 

D'ailleurs, le film nous plonge dans un monde manichéen au possible, ou notre allié est un ange et où l'on combat le mal absolu. On ne peut pas faire plus binaire. Dans ce monde, Barbarella est complètement paumée, elle donne l'impression d'être toujours en décalage et son léger accent ajoute encore à ce décalage.

Alors, on peut effectivement s'arrêter au côté complètement kitsch du film, avec des murs en moumoute, des lampes à lave, et un futur basé sur du carton peint et des gens qui gémissent. Mais force est d'avouer que ça fait du bien de regarder quelque chose de non formaté, d'indigent et de délicatement subversif.

 

Roger Vadim s'occupe de tout, même de finaliser les costumes

Conclusion

 

Au final, le film est à regarder avec une réelle motivation à prendre du plaisir. Ouvrez une bonne bouteille, pour les plus chanceux un sac d'herbe qui fait rire, et plongez-vous dans ce capharnaüm total où Barbarella, telle une Alice adulte (cf. plus bas Barbaralice de Gotlib), traverse ses épreuves comme on traverse la vie. Ce n'est vraiment pas un chef d'oeuvre, mais simplement un film qui, sans chercher à être une oeuvre fondamentale, a réussi au fil des ans à s'accaparer le statut de film culte. Une mention spéciale pour les costumes de Paco Rabanne qui viennent agrémenter avec classe le film.

 

©Gotlib

 

 

Barbarella est un film de Roger Vadim, avec Jane Fonda, Anita Pallenberg, John Phillip Law, réalisé en 1968 et d'une durée de 1h38.