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I spit on your graveS
Dans la catégorie Cinéma, publié par Guns le 10 août 2016, dernière modification le 10 août 2016
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On notera que j'ai mis un S au titre du film. Pourquoi ? Simplement parce qu'il ne s'agit pas d'une critique du film de 2010, ni une critique du film de 1978, mais plutôt une sorte d'étude comparative entre les deux qui cherche à montrer qu'on vit dans un monde de merde et que d'mon temps s'té mieux avant.

 

 

Déjà petit préliminaire, la note du film de 1978

 

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Et maintenant la note du film de 2010

 

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Wow, la même note, alors que se passe-t-il ? Simple, nous avons dans les deux cas un film tout à fait regardable, qui ne pète pas trois guiboles à un canard.

 

L'histoire

 

Jennifer est une jeune écrivaine qui cherche à louer un gîte tout mignon pour y trouver calme et inspiration. Croisant la route d'une poignée de rednecks (*jette un oeil du côté de Délivrance*) elle a le malheur de se faire violer. Plusieurs fois. Et comme c'est pas très joli joli tout ça, les violeurs décident d'en finir parce que pas de corps = pas de crime, c'est connu.

 

On sent la provocation

 

Oui l'histoire est la même pour les deux films, il y a cependant quelques variantes qui justifient justement cet article.

 

Ce qui justifie cet article (qu'on se le dise)

 

Attention, ça va spoiler. Le film de 1978, judicieusement intitulé "Oeil pour Oeil" (parce qu'on ne crache pas sur les tombes si on n'est pas Sullivan) est un film classique du genre "Rape and revenge". Alors pour les néophytes, oui il s'agit d'un genre à part entière, qui a notamment inspiré Kill Bill (pour ne citer que lui mais bon, y'en a un paquet.

 

Réalisé par Meir Zarchi avec Camille Keaton en vedette déterminée à laver son honneur, le film de 1978 nous dépeint la même ruralité pourrie de l'amérique des années 70, comme on a pu la croiser dans Délivrance (re) ou même dans Rambo quand le pauvre se fait conspuer par les méchants rednecks. Bref, c'est gai et le film rend bien cette ambiance, sans être plombé par la gravité de la situation. Ce qui est parfaitement normal, puisque ce n'est pas grave d'aller écrire dans un gite. C'est même agréable.

 

S'ensuivent les viols, et là c'est moins agréable. Filmé avec un certain réalisme et une réelle violence, qui apparentent le film à un snuff, le film nous montre surtout comme les choses peuvent vite basculer, entre une jeune femme qui n'a rien demandé à personne et un groupe d'hommes sous testostérone qui s'emmerde.

 

Suite à cette séquence, va commencer le fameux "revenge", et c'est un peu le truc qu'on attend. Et là on découvre ce que la jeune femme découvre elle-même : des mecs un peu paumés mais normaux, du style à avoir une famille, à aimer leurs gosses, et qui, individuellement, n'acceptent pas ce qu'ils ont fait et rejette là faute sur "le fameux copain, c'était son idée".

 

La bonne nouvelle c'est que leurs explications vaseuses n'ont aucun effet sur la frêle et délicate jeune victime, qui nous montre comment réagir quand on est emmerdé par une troupe de dalleux.

 

La qualité du film de 1978 réside dans la force du personnage, l'authenticité des actes (que ce soit les viols ou la vengeaison de copine), le rythme donné à l'ensemble. Après ça reste un film de genre, donc super télégraphié et on s'emmerde un peu, d'où la note moyenne.

 

 avant / après

 

Maintenant, abordons le film de 2010. Réalisé par Monroe, avec Sarah Butler. L'histoire est la même, sauf que cette fois la police y est mêlée. Message politique ? On s'en fout, le film aussi. On a plutôt l'impression d'une surenchère du nombre. Pourquoi faire ? Simplement parce que là, si on est dans le même film, on est plus à la même époque. Les Saw sont passés par là.

 

twa saw? sté des mous à côté de ce que je vais te faire

 

Oui, la partie vengeance est déplorable. C'est gore, c'est marrant, mais c'est quand même complètement con. Là où Jennifer78 tuait d'une façon crédible (un coup de hache dans la tête, c'est crédible), Jennifer10 elle arrive à soulever un homme de 90 kg avec ses mimines pour l'épingler sur un système très sophistiqué afin de le laisser crever lentement fondu dans la soude. Oui tu as bien lu, Mr T est passé par là pour la bricole, ou alors elle a passé beaucoup de temps en colonie à construire des pièges.

 

Qu'on ne se méprenne pas, je ne dénigre pas la force de la fille, après tout elle doit être super énervée, mais les éliminations sont une succession de séquences un peu gore, et qui n'offrent donc aucune crédibilité.

Par ailleurs, dans le film de 1978, il y avait un discours intéressant, l'un des violeurs indique que, s'ils ont fait ça, c'est qu'ils n'ont fait que suivre les signaux que la fille envoyait (genre le gros néon accroché dans son dos "violez-moi"). Ce genre de petite phrase tentait déjà à l'époque de signaler une culture du viol, et la très fameuse défense classique des violeurs : "en fait elle le voulait". En ce sens, le film a plus d'intérêt.

Dans le film de 2010, queud. Pourtant cette culture du viol est toujours présente, suffit d'ouvrir un papier pour s'en rendre compte. Alors pourquoi ne pas profiter d'un film de ce genre pour justement aborder (même légèrement hein, je sais qu'on est pas dans un pamphlet non plus) le sujet ? Déjà ça aurait donner un peu plus de saveur au film. Là en toute sincérité on a l'impression que le viol n'est qu'un prétexte, genre c'est pas important, ce qui l'est c'est qu'elle dézingue les mecs.

 

"much"

 

Bref, je colle la même note parce que le jeu de Sarah Butler est très impressionnant. Le film est assez bien filmé et il ne pêche que par ce léger excès de gore qui dessert son propos

 

J'ai rien compris pourquoi tu racontes ça

 

Oui, ça s'appelle un rambling c'est donc normal. Le but de cet article et donc le ...

TL:DR; est qu'on a deux films identiques, l'un étant le remake de l'autre, et que notre époque est bel et bien foutue car elle s'attache à la forme (violente, vide de sens) plutôt qu'au fond (renforcer notre prise de conscience sur le viol).

Voilà, ça fait du bien de râler contre notre époque. Pour l'histoire, notez que la version 2010 a bénéficié (peut-on dire ça ...) de 2 suites.